Le congrès de l’AFPS tient à saluer, par son intermédiaire, tous les prisonniers et prisonnières politiques palestinien-ne-s. Notamment tous ceux en grève de la faim contre la politique d’isolement que leur impose Israël. Nous demandons au gouvernement français d’intervenir pour exiger et obtenir de Tel-Aviv leur libération.
Le congrès de l’AFPS a également rendu hommage à Vittorio Arrigoni et Giulano Meir Khamis, lâchement assassinés pour leur engagement dans le combat de la liberté.
Le congrès a accueilli et entendu Hael Al-Fahoum, ambassadeur de Palestine en France et Abdallah Abu Ramah, l’un des responsables du comité populaire de Bil’in en lutte contre le mur israélien et l’annexion de ses terres, récemment sorti de prison où l’avait conduit la répression militaire israélienne.
C’est peu dire que ce congrès s’est tenu dans un contexte particulier.
L’exigence de liberté, l’aspiration à la démocratie, l’appétit de justice et de justice sociale, la volonté de voir le droit reconnu et respecté, de destituer l’arbitraire au profit du respect de la dignité, la soif d’être acteur de son avenir… ne connaissent pas de frontière. A ceux qui en doutaient, voire se délectaient de l’hypothèse d’une guerre de civilisations destructrice de part et d’autre de la Méditerranée, et au-delà, les révolutions des peuples du monde arabe et singulièrement de leurs jeunesses, répondent avec force et avec courage.
Dans tout le monde arabe, sans exception, les peuples se soulèvent, diversement, les uns après les autres, en dépit des répressions, substituant le printemps à des décennies de glaciation et de dictature. Ils partagent leurs exigences qui sont aussi les nôtres avec le peuple palestinien et sa résistance nationale, dont les droits nationaux, le droit à l’autodétermination, sont bafoués depuis trop longtemps par la politique coloniale israélienne dont l’anachronisme le dispute à la logique meurtrière toujours impunie.
En Palestine occupée elle-même, les manifestations du printemps ont accompagné l’exigence de la fin de l’occupation de celle de la fin de la division. Le congrès salue l’accord de l’ensemble des organisations politiques palestiniennes de l’OLP, et du Hamas, pour un gouvernement d’union jusqu’aux prochaines élections présidentielle et législatives en Palestine et la position courageuse de toutes en faveur de l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain dans les territoires occupés depuis 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale ainsi que le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.
Concomitance de calendrier, ce troisième congrès s’est tenu alors que le peuple palestinien commémorait le 63è anniversaire de la Nakba, c’est-à-dire de sa dépossession territoriale et de son expulsion massive de Palestine entre 1947 et 1949 par les forces qui allaient devenir israéliennes. « Il faut achever ce qui ne l’a pas été en 1948 », insistait Ariel Sharon voici dix ans. L’actuel gouvernement israélien poursuit lui aussi cette politique, tente d’interdire la commémoration de l’Histoire comme ses prédécesseurs ont voulu en effacer les traces. En intensifiant la colonisation de la terre et des ressources palestiniennes et en étouffant sa population. En s’opposant violemment au retour des réfugiés pourtant inscrit dans le droit. En démantelant la multitude vivante de Jérusalem et en tentant d’en déraciner la part palestinienne. En morcelant l’espace et en emmurant les populations. En assiégeant Gaza. En tuant. Comme a été tué Milad Saïd Ayache, 16 ans, à Jérusalem, où il manifestait ce 13 mai.
Mais les lignes bougent dans toute la région, et nous nous en réjouissons. Sans en mesurer sans doute encore tous les effets, nous saluons chaleureusement ces Intifada des peuples.
Après quelque vingt ans de processus dits de négociations entre Israël et les représentants du peuple palestinien et alors que les dirigeants israéliens continuent de refuser le droit international comme fondement de tout accord, ce troisième congrès se tient aussi alors que s’annonce une bataille de la reconnaissance. Celle de l’Etat palestinien indépendant, souverain, dans les frontières de 1967 et donc avec Jérusalem-Est pour capitale, que les représentants du peuple palestinien entendent faire admettre à l’assemblée générale des Nations unies. De nouveau, l’Union européenne s’est engagée à le reconnaître, « le moment venu ». Ce moment est venu. Les Etats européens peuvent jouer un rôle majeur et cette reconnaissance ne saurait continuer à attendre indéfiniment, au prétexte de négociations directes, dans un tête à tête dissymétrique, l’accord préalable de Tel-Aviv qui multiplie unilatéralement sur le terrain les faits accomplis visant à en empêcher l’avènement.
L’admission de l’Etat palestinien indépendant aux Nations unies serait une étape importante vers la paix entre Palestine et Israël et plus généralement pour les espoirs de paix dans toute la région. Les termes du conflit comme ceux d’une solution politique sont connus et reconnus. C’est le droit international. Tout le droit international.
Ce troisième congrès de l’AFPS appelle tou-te-s les citoyens et les citoyennes vivant sur le territoire français à porter ensemble cette exigence de droit international que les gouvernements ont la charge de faire respecter. Il les appelle à poursuivre la mobilisation populaire et non-violente en déclinant ici la campagne internationale BDS et en exigeant notamment la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël tant qu’Israël continue de bafouer le droit international. L’AFPS poursuivra son travail unitaire pour le respect du droit international, notamment dans le cadre du collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens et de la plateforme des ONG pour la Palestine.
Il appelle à poursuivre dans l’immédiat les efforts pour la deuxième flottille de la liberté et le bateau français pour Gaza dont le siège inhumain et illégal doit être levé. Les 500.000 euros collectés en cette mi-mai, témoins de l’engagement de notre société, encouragent notre appel en faveur d’un rassemblement large, démocratique, transverse à toutes les générations, transgressant les identités supposées des uns ou des autres pour leur préférer une exigence commune, politique, celle de l’exigence du droit ; de la paix.
Saint-Denis, le 15 mai 2011.